Ce projet de pause mijote depuis 2 ans maintenant. D’abord une envie, à l’état de rêve et de fantasmes, qui peu à peu prend forme, modelée à coup d’images mentales et de récits possibles à venir. Un plan qui continue de se préciser, ce qui sera probablement le cas jusqu’à notre retour.
Deux ans plus tard, je me souviens de cette discussion lors de laquelle mon amoureux a dit « oui » à cette idée. Le temps de tout planifier, deux ans passeraient vite, même si on aurait pu vouloir que le départ soit demain déjà. Mais la réalité est que ce genre de projet ne peut pas se penser en un si court délai. Cela fait donc deux ans que nous le prévoyons et dans les dernières semaines, ça devient vraiment plus concret.
Rapidement, l’idée de voyager en Europe s’est imposée : bien que nous en soyons originaires, nous nous y rendons seulement pour voir nos familles et nos ami.e.s. C’est alors un marathon de rencontres et de repas copieux; nous n’avons pas vraiment l’occasion de visiter le continent. Le Portugal, la côte ouest française et l’Italie nous font rêver. Ce serait aussi l’occasion de faire quelques arrêts dans ma famille éparpillée, en Angleterre, en Belgique. Ensuite, après avoir fait le tour du lac Champlain à vélo cet été, nous voilà prêts à prolonger le plaisir du cyclotourisme sur plusieurs mois. De là, l’itinéraire se précise peu à peu, sachant que les routes à emprunter pourront être révisées en temps voulu.
Ces dernières semaines, nous trions, vidons la maison, avons débuter quelques décomptes d’avant départ, pensons à l’essentiel des bagages qui devront être les plus légers possibles, bien que nous soyons quatre…
Ces derniers jours, c’est un mélange d’excitation et de stress qui nous habite, entre sentiment de joie et, parfois, impression d’une légère folie – au moins un grain -, et appréhension de l’inconnu. Cela s’accompagne à certains moments d’une sensation d’irréalité : nous sommes au Québec, il neige à grands flocons, je suis emmitouflée dans une couverture chaude, et tantôt je mettrai dans la valide mon cuissard de vélo. Il fera bientôt chaud, probablement très chaud.
Nous sommes aussi encore dans une routine de chaque jour : le matin, c’est la course, pas de temps à perdre, gestion de rendez-vous professionnels, des dossiers, l’école, la garderie. Gestion du stress du quotidien. Prise de conscience du temps qui est très, voire trop, présente chez nous les adultes, et semble parfois complètement arbitraire chez nos enfants, qui ont toujours le temps de jouer, quand ça fait 3 fois qu’on leur demande de mettre leurs bottes pour partir. Là encore, il y a quelque chose qui semble irréel, d’imaginer que cette routine sera complètement déconstruite dans quelques jours.
Le projet inclut la perspective de prendre le temps de prendre le temps. Plusieurs personnes me disent dans les dernières semaines que notre voyage à venir semble ambitieux, que nous sommes courageux. Plus j’y pense et moins j’en suis sûre… Car finalement, est-ce que cette course contre-la-montre routinière ne serait finalement pas plus éreintante que celle qui nous attend ?
Ce qui me parait aujourd’hui le plus demandant, c’est de vivre cette transition, une espèce d’entre-deux un peu flou. Mettre ce qui représente notre vie familiale dans des boites me fait réaliser que je suis attachée à cette routine et que je serai probablement contente de la retrouver. Il sera alors peut-être le temps de voir comment apporter le voyage dans le quotidien… Mais ce n’est pas pour tout de suite !
Au final, ce voyage a déjà commencé, en ce qu’il apporte son lot de prises de recul et de questionnements. Et à travers tout ça, j’ai dans la tête un album photo qui se dessine en imaginant des paysages à venir. Ne reste plus qu’à aller voir ce qu’il en est dans la vraie vie !