Le Maroc nous a dépaysé, il nous a charmé et il nous a permis de vraiment rentrer dans ce voyage.
Après une transition et une étape d’adaptation, qui a apporté son lot de doutes et de questionnements, nous voilà immergés dans un quotidien dont on tente de goûter toutes les saveurs. Nous nous installons de plus en plus confortablement dans notre nouveau statut de nomades.
Si lors des premières sorties dans les villes côtières marocaines, les enfants courent partout et tentent de caresser le plus grand nombre de chats errants possibles, et même une fois des pigeons, et qu’ils sont facilement attirés par les offres des marchands dont ils ne connaissent pas encore les codes, ils apprennent peu à peu à gérer les tentations. Maxandre découvre la négociation des prix et s’y essaie. Les marocains l’encouragent à le faire, puisque cela fait partie des mœurs.
Nous avons profité de la vie des souks, notamment pour faire notre marché du jour. C’est incroyable le nombre de stands et de boutiques; on y trouve à peu près tout, en grands nombres. Des stands de chaussures aux plats à tajine détaillées ici et là, en passant par les boucheries à viande présentée à l’air (âmes sensibles, s’abstenir), olives, épices, cuir, et tout le reste. Chaque souk a sa propre couleur et nous cernons chaque fois un peu plus comment bien discuter les prix. Dans l’ensemble, nous avons eu de bonnes expériences, avec un niveau de sollicitation tout à fait tolérable.
Se perdre dans les médinas de Casablanca, Essaouira, jusqu’à Marrakech, a aussi fait partie de nos petits rituels et plaisirs. Ce sont des parties de la ville plus ancienne, entourées de murailles et dans lesquelles de petites ruelles se mêlent à s’y perdre. Les maisons et leurs intérieurs sont au gout oriental : luminaires, mosaïques et bois gravé aux milles détails, c’est magnifique !
Les enfants sont de bons marcheurs et toutes ces découvertes semblent leur plaire. En plus, les marocains leur démontrent beaucoup d’attention et apprécient les enfants, qui se font régulièrement offrir de petits gâteaux. Ce n’est pas pour leur déplaire ! Ils prennent aussi plaisir à prendre des photos et de là, l’idée me vient de documenter en images notre voyage à partir de leurs regards. Voir photos de l’album Maroc pour mettre des yeux d’enfants sur ce pays.
Cinq fois par jour, l’appel de la prière se fait entendre. Nous sommes spectateurs d’une routine religieuse qui amène son lot de discussion sur les croyances, que ce soit entre nous et, à une occasion, avec une famille marocaine qui nous a invité à rompre le jeûne du ramadan avec eux. De ce que nous avons compris, c’est une période lors de laquelle il est d’autant plus important de montrer sa foi. Le pays serait plus calme qu’en temps normal car la fatigue est palpable avec le jeûne. Maxandre pose quelques questions sur la religion et les différentes croyances; on peut voir qu’il est curieux mais ne comprend pas encore bien les subtilités.
On ressent la fébrilité et l’excitation dans l’air en fin d’après-midi, lorsque les marocains s’apprêtent à rompre le jeûne du jour. On devine un moment à la fois religieux, mais aussi de connivence sociale.
Niveau repas, c’est plus compliqué de trouver des endroits ouverts pour manger le midi, notamment dans les zones moins touristiques. Le soir, on se gâte : nous avons probablement goûter à tous les tajines marocains (poulet au légumes, aux pruneaux, au citron, végétarien, agneau, …) et quelques couscous. On en a mangé vraiment beaucoup, sans se lasser ! L’occasion de prendre des forces pour la partie à vélo qui s’en vient ;)
Nous discutons aussi avec les enfants du statut de la femme qui est très différent ici de notre dynamique familiale et sociale connue. Lors d’une visite guidée, on nous explique que les maisons sont pensées pour que les femmes ne soient pas vues dans leur espace privé; elles sont les gardiennes de la vie de la maison. Dans certaines parties du pays que nous avons traversées, notamment dans les petits villages de montagnes, rares sont les filles et les femmes que nous avons croisées dehors. C’est différent dans les grandes villes, plus modernes. Maxandre se montre sensible à cette réalité et il comprend que nous fonctionnons différemment, et même défend l’égalité des sexes en ce qui concerne le rôle parental et celui du travail.
Les enfants jouent parfois avec des amis, malgré la barrière de la langue. Pour Maxandre, c’est facile de s’immiscer dans une partie de soccer. Les plus jeunes s’amusent avec différents petits jeux simples. Pas besoin de plus ! C’est néanmoins l’occasion de rappeler qu’il existe des différences jusque dans la constitution des chambres des enfants.
Les paysages que nous traversons sont magnifiques. Entre océan et montagnes, les routes font parties du voyage. Terre tantôt beige, tantôt orange-rouge, et même presque noire; de la neige sur les sommets au loin. Les maisons des villages berbères ont souvent la couleur de la terre qui les entoure. Il a plu dans les dernières semaines et même durant notre séjour, on peut voir de la verdure là où il y en avait peu avant ces précipitations. Il parait que c’est exceptionnel de voir le Maroc sous la pluie, chanceux que nous sommes… Les moutons ont de beaux espaces pour paitre.
Nous avons fait une petite pause dans le désert, proche de Foum Zguid. 48 heures passées avec un guide pour une pause dans les dunes, à déconnecter complètement des inquiétantes nouvelles du monde des derniers mois. Pas de pluie ici. Ciel étoilé comme on en voit rarement, levée de lune, balade en dromadaire, visite d’une école berbère où Maxandre a pu faire une démonstration de lecture en français et apprendre une lettre arabe. Il était pas peu fier.
Le Maroc, c’est aussi le bain au hammam. Nous en avons fait l’expérience à deux reprises, Romane et moi d’un côté, Jeff et Maxandre de l’autre. Eau chaude, savon noir, gommage entre personnes, massages. Pas de pudeur dans ces espaces, nous sommes toutes et tous égaux.
À travers toutes ces découvertes, nous tentons d’instaurer une routine de travail scolaire pour Maxandre (3e année). Autant les premiers jours, il se prête bien au jeu, autant d’autres fois, il doit se faire un peu bataille. Je dois avouer que ce n’est pas toujours évident de se mettre à une tâche plus académique, quand nous sommes aussi stimulés par tout ce qui nous entoure. C’est aussi un défi pour nous les parents. Toujours est-il que Maxandre parvient à tenir son petit carnet de voyage et fait les calculs lors des achats au souk, en plus de tous les échanges que nous avons sur nos découvertes.
Pour Romane qui a fêté son 5e anniversaire à Marrakech, son défi reste de s’ajuster aux changements fréquents de lieu. On la voit encore en train de trouver son rythme; elle vit alors beaucoup d’émotions. On pense que le voyage à vélo devrait pouvoir faciliter un peu le retour à une sorte de routine…
On vous raconte ça bientôt !