Le grand départ à vélo – De Lisbonne à Sintra

C’est le 5 avril dernier que nous avons pris la route au départ de Lisbonne, en direction de Porto, à dos de bicyclettes. Nous nous sentons prêts et nous avons même hâte de nous mettre en selle. Depuis le temps qu’on en parle.

Une fois les vélos chargés de toutes nos affaires personnelles et matériel de camping, nous enfourchons nos montures, la bouche en cœur, encouragés par un beau soleil. En route vers le bord du Tage, nous passons par Baixa de Lisboa, un quartier dans lequel nous n’avons pas eu le temps de nous rendre; nous traversons une grande rue piétonne aux pavés typiques, restaurants, magasins. Le quartier nous apparaît très agréable. Peut-être aurons-nous la chance de revenir poursuivre notre découverte de Lisbonne lors d’un autre séjour. Il faut maintenant avancer.

Nous quittons donc Lisbonne par la piste cyclable qui longe le Tage, en direction de l’océan, dans le but de suivre l’Eurovélo 1, chemin prévu pour les cyclistes. Nous devons slalomer entre beaucoup de personnes, mais ce n’est pas grave, nous avons le temps.

Nous ne savons pas où nous dormirons ce soir. Nous voulons essayer une formule au jour le jour. Lors de nos deux derniers voyages, nous avions réservé tout à l’avance et nous avons à plusieurs reprises souhaité ne pas l’avoir fait pour ajuster le séjour selon les envies du moment. Nous verrons quelle formule convient le mieux à notre famille.

Une fois Lisbonne quittée, la piste cyclable est moins achalandée, ce qui est plus agréable, on ne se le cachera pas. Nous pique-niquons sur le bord de l’océan, bien heureux de ce sentiment de liberté en apprivoisement : nous goûtons au plaisir de suivre notre propre rythme, d’heure en heure. C’est en même temps particulier de ne pas savoir où nous dormirons ce soir. Nous profitons du moment présent, notre premier contact avec le Portugal nous procurant un sentiment agréable de sécurité générale.

Nous avons toujours vue sur le pont rouge de Lisbonne, qui rapetisse peu à peu. La piste cyclable est agréable, vue sur l’océan. Petit café un peu plus loin. Les enfants se réjouissent d’un moment de plus pour jouer sur la plage.

C’est après cette pause que ça se complique… ici, la piste cyclable prend fin et nous cherchons une alternative avec moins de trafic. Nous roulons parfois sur les trottoirs, retrouvons une piste cyclable plus loin, le long des plages où tout à coup, nous plongeons en été, traversant un terrain de beach volley et apercevant plus loin des surfeurs. De nouveau du monde. De nouveau plus de piste cyclable. 

Nous avons roulé une trentaine de kilomètres et l’air de rien, entre la gestion du monde et la recherche de la route (l’Eurovélo n’est pas vraiment indiquée), nous sentons la fatigue. Nous poserons la tente dans le coin. Reste à trouver où… 

Ce n’est pas très clair si le bivouac est autorisé au Portugal ou non… Nous lisons tout et son contraire. Comme nous n’atteindrons pas le prochain camping (il y en a peu dans le coin), nous décidons de le tester. Nous trouvons une place où nous pouvons dissimuler notre campement d’une nuit. Coin agréable en bordure d’océan, bien que proche d’une route, donc dans l’ensemble quand même bruyant. La nuit sera peu reposante le tout couplé au doute flottant de la possibilité de se faire réveiller au milieu de la nuit par la police. Finalement, ça se passera sans aucune mauvaise surprise.

Nous replions tôt le lendemain matin, pour partir trouver un café, avant l’arrivée de la pluie. Nous déjeunons à Cascais. Puis départ malgré la pluie qui demeure menaçante. Puis pluie. Nous avançons super bien avec le vent dans le dos ! C’est un bon aperçu de la force que cela peut être quand on l’a de face… Nous sommes relativement bien équipés pour la pluie, sauf nos souliers qui prennent l’eau. Heureusement, l’air est relativement chaud donc nous n’avons pas froid. 

Enfin une éclaircie, plage de surfeurs, étendues de sable blanc entre deux falaises. Le soleil magnifie tout ça. Au loin, il pleut. 

Nous quittons la piste cyclable pour emprunter une route qui nous mènera à Sintra, détour que nous souhaitons faire pour aller voir des châteaux. Ça grimpe !! La météo reste à la grisaille parsemée d’éclaircies. Jeff est fatigué de la nuit peu reposante et il est moins endurant qu’à son habitude. Il faut aussi dire qu’il a tout un chargement sur son vélo : les sacoches, le chariot et Romane. Nous maintenons tout de même le plan de suivre cette route, motivés par les visites de cette région.

Là encore, nous ne savons pas où nous dormirons ce soir. Nous avons repéré un camping dans le parc national. Nous nous y rendons après avoir traversé de petits villages de montagne, un bois où de nombreux arbres sont déracinés autour; nous devons pousser les vélos à certains moments, considérant différents obstacles. Une dernière bonne montée, et nous voilà au camping. Arrivés au camping, personne à l’accueil. Peut-être parce que nous sommes dimanche… 

Nous croisons plusieurs promeneurs qui nous disent que nous devrions sans problème pouvoir nous installer ici, et que nous pourrons rencontrer quelqu’un le lendemain. Après hésitation, nous décidons de nous installer. C’est à ce moment que nous rencontrons un employé du parc, qui appelle un gérant. Le verdict tombe : impossible de rester (nous apprendrons plus tard qu’une tempête a récemment fait des ravages dans la région et que de nombreux arbres sont tombés et tombent encore). Être avec des enfants et fatigués ne lui génère aucune compassion. Il nous dit de descendre au camping qui est proche, et donc de redescendre tout ce que nous avons monté aujourd’hui. Hors de question !

À ce moment, tout le monde est pas mal découragé. Il faut remballer la tente qui venait tout juste d’être installée, pour repartir dans des routes de montagnes assez demandantes, malgré la fatigue. Il ne reste pas tant de kilomètres avant la prochaine ville, mais ça grimpe. 

Finalement, dans le prochain village, alors que nous validons la direction pour un hôtel repéré auprès d’un couple, ils nous indiqueront une bonne adresse un peu plus loin encore, mais dont les kilomètres supplémentaire auront valu la peine. La gérante est d’une grande gentillesse, la maison très bien tenue et les lits moelleux. Ça sent tellement bon et ça brille ! Je me sens un peu mal d’arriver tout suants et je demande même si nous devons enlever nos chaussures, tellement le niveau de propreté me paraît contraster avec le notre. Ça fait rire notre hôte.

Nous y resterons deux nuits, le temps de bien récupérer des émotions de ces deux premiers jours de vélo, et de visiter le coin, accessible à pieds depuis notre auberge. Les châteaux de Regaleira, de Pena, des Maures sont tous faits dans un style qui leur est propre, chacun étant niché sur un sommet. Différents styles, différentes époques. Nous marchons à travers jardins somptueux, à flanc de montagne. Beaucoup de touristes ici : nous ne visiterons aucun château car tous les billets sont réservés. Nous aurions pu décider de rester une journée de plus mais c’est un gros budget de dormir en guest house, et nous devons faire attention à lisser notre budget dans la durée. Nous convenons de repartir le lendemain, ayant suffisamment profité de notre balade aux multiples points de vue.

Puis cette pause aura aussi été un temps pour faire davantage de recherches sur la route et les options camping, car… il faut l’avouer, nous sommes un peu trop à l’arrache.