Nous avions comme plan de nous rendre en Ecosse durant ce voyage, pour 2 semaines de vélo. Plusieurs personnes rencontrées sur notre parcours nous ont parlé de la Galice, de ses beaux paysages côtiers, de ses îles, et du partage agréable de la route avec les voitures. Alors la question s’est posée : Galice ou Ecosse, nous ne pourrons pas tout faire à la vitesse à laquelle nous avançons…
Le choix s’est finalement arrêté sur la Galice : nous y passons, donc moins de transports en commun à emprunter, plusieurs personnes nous encouragent à y faire un saut, et en plus, nous sommes un peu échaudés par la météo pluvieuse des dernières semaines, ce qui selon toute probabilité risque plus d’arriver en Ecosse qu’en Galice. Normalement…
Nous quittons donc Porto le 28 avril, en direction de Vigo, dans le nord-ouest de l’Espagne. On avait entendu et lu que prendre le train en Espagne avec des vélos pouvait être un vrai casse-tête, entre grande et media distancia, vélo plié ou demonté. Nous avons donc fait beaucoup de recherches pour nous assurer de ne pas être dans le trouble avec nos 3 vélos, 1 chariot et surtout 2 jeunes enfants. C’est comme ça que nous avons découvert Alsa, prestataire de voyages en bus, qui accepte jusqu’à 4 vélos par bus. Nous avons pu embarquer sans aucun problème, vélos sous housse.
À notre arrivée à Vigo, nous apprenons un peu après tout le monde qu’une panne d’électricité géante touche le Portugal, l’Espagne et même un peu la France. Quand même pas banal. C’est dans ce contexte que nous montons donc nos vélos à pied au 4e étage… Le courant est revenu relativement rapidement, durant la nuit, ce qui n’a donc pas tant impacté notre quotidien.
La pluie, ah cette pluie… elle nous poursuit encore, jusque dans ce coin de l’Atlantique. Alors nous n’explorerons pas les cotes galiciennes à vélo. Nous en profiterons pour prendre une petite pause, se déposer plusieurs jours au même endroit ne nous étant pas arrivé depuis le début du voyage. C’est l’occasion pour les enfants de jouer dans des parcs avec de super modules. Ils escaladent, se balancent, glissent : sensations garanties. Depuis le Portugal, Romane et son père ont un jeu : gagner des points en marchant sur les différentes plaques qui jonchent les trottoirs. Toute la famille s’y est mise depuis et nous avons bien du plaisir à jouer dans les rues de Vigo, surtout quand il n’y a pas grand monde. Et puis Vigo est une ville dans laquelle on peut trouver plein de sculptures, que nous nous amusons à chercher lors de nos balades. Beaucoup de ces créations évoquent le lien de la ville avec la vie de l’océan et de la pêche. Les poissons et fruits de mer y sont d’ailleurs bien préparés.
Depuis le port, des voyages en bateau sont disponibles pour aller sur les îles Cies et de Ons, petits coins de paradis galiciens, sur lesquels nous avons pu admirer de belles plages de sable blanc et des chemins plus ou moins sauvages. C’était très beau, malgré la grisaille et la pluie intermittente. C’est certain qu’avec le soleil tout est plus beau, mais on profite quand même du grand air, bien équipés. Le bateau pour l’île de Ons a pas mal remué, là encore, les enfants ont bien apprécié les sensations, et moi aussi. Mieux que le bateau pirate des parcs à thème. Jeff n’en dira probablement pas autant…
Ces quelques jours à Vigo sont aussi un temps pour prendre un peu de recul sur notre aventure. Les enfants sont à nouveau plus sensibles et à fleur de peau ces derniers jours. En fait, nous devons régulièrement accompagner des émotions plus grandes depuis le début du voyage, comparativement à notre quotidien sédentaire. Le fait de s’arrêter semble faire émerger le trop-plein accumulé. Nous sommes maintenant bien conscients de l’exigence de ce voyage pour les enfants, surtout pour Romane, pour qui les changements sont un peu plus demandants à gérer. Les enfants sont à la fois super stimulés et excités de nos découvertes, bons moments qui viennent avec de la fatigue en contre-partie. Nous nous sentons parfois nous-mêmes démunis dans nos interventions, du fait que nous ne sommes pas dans la routine et qu’un système de récompense-conséquence est plus difficile à mettre en place dans le changement constant. Pour Maxandre, le défi est de suivre une routine de travail académique : aucun problème pour lui faire faire des mathématiques dans le quotidien, mais il rechigne à chaque fois pour faire des temps d’écriture. On voit bien ce qu’il préfère faire… Bref, on se dit que ça aurait été plus doux s’ils étaient plus grands, genre 8 et 11 ans. Mais nous y sommes, nous devons composé avec de petits aléas et de façon générale, ne nous plaignons pas, on profite de l’essentiel : passer du temps ensemble. En plus, l’air de rien, ils grandissent et nous avec à travers toute cette aventure…
Nous avons ensuite traversé le nord de l’Espagne à nouveau en bus, avec Alsa, pour rejoindre Bilbao, que nous avons adoré : tout d’abord parce que c’est une ville super vélo-friendly avec ses nombreuses pistes cyclables, qu’on y a vu beaucoup d’activités extérieures pour les familles, les personnes âgées, qu’elle est pleine de charme entre eau et flanc de montagne et enfin, que s’y trouve le fameux musée de Guggenheim. Le bâtiment en lui-même est un bijou architectural. Et à l’intérieur, des œuvres de plusieurs artistes emblématiques, comme Richard Serra ou encore Yayoi Kusama. Nous y avons passé un très bon moment à explorer des œuvres contemporaines d’assez grandes tailles. On a aussi vu deux tournages dans le ville et beaucoup d’escalators de rue. Une ville très colorée !
Nous avons quitté Bilbao le 8 mai au petit matin, en train (avec Euskotren, pas besoin de démonter les vélos) pour rejoindre Irun, qui se trouve juste à la frontière avec la France, en pays basque. C’est ici que nous avons repris la piste cyclable, pour cette fois-ci remonter tranquillement la Vélodyssée vers le nord et, en prime, avec le soleil… je peux vous dire que nous savons savourer ces journées-là.
































