Un premier bilan ?

Un premier bilan ?

11 au 15 février 2015

Voilà bientôt un mois que nous sommes sur les routes. Presque deux mois que nous avons quitté Montréal… Un premier bilan ? Reprenons d’abord depuis notre départ de Phnom Penh.

 

Un drôle de sentiment m’envahit à notre départ de la capitale. Léger mais présent. Mes proches me manquent… Nous sommes sur notre vélo, quittant la grande ville et toutes les stimulations qu’on peut y trouver. Nous sommes seuls, à avancer sur de grandes routes, où les camions, bus, voitures et deux roues motorisées nous klaxonnent à tue-tête pour nous dire « pousse toi de là ».

Nous avons pris la décision de nous en aller vers la province de Mondulkiri, à la recherche de nature et de tranquillité. On a tiré un trait sur les bords de mer et les îles du sud ouest, car nous n’avons pas le temps de tout faire. Un choix s’imposait.

Ces prochains jours seront donc des journées de vélo. Les journées s’enchaînent mais ne se ressemblent pas. Chaque matin, on se réveille sans savoir ce qui nous attend… et c’est excitant !

Voici l’itinéraire suivi :

– le premier jour, nous suivons la route 61, sur les bords du Mekong, de Khsach Kandal (où nous nous étions arrêté la veille après avoir quitter Phnom Penh) à Kampong Cham. Nous parcourons 75 kilomètres sur une route de qualité très variable (asphaltée parfois, trouée à certaines occasions, de terre rouge souvent, jusqu’à même être légèrement ensablée par endroit). On ne sait jamais à quoi s’attendre. Nous nous sentons l’esprit aventureux et on aime ça. Les vues sur le Mekong sont belles mais rares, car il y a beaucoup d’habitations ;

– le deuxième jour, nous faisons un petit 25 kilomètres sur l’autoroute 7, de Kampong Cham à Tboung Khmum, pour prendre le temps de se reposer l’après-midi. Une ville bruyante sur le grand axe routier, et noire dans les petites ruelles. Ambiance particulière;

– le troisième jour, nous allons jusqu’à Memot, 75 kilomètres plus loin. Cette journée est une magnifique journée de vélo. La meilleure à ce jour. Un pur plaisir ! Et pourtant, rien de particulier ne s’est passé ce jour là, si ce n’est que le trafic est enfin plus calme. Nous avons échangé des sourires, très bien attaqué les petits dénivelés qui commencent à dessiner la route. Une énergie incroyable pour le reste de la journée ! Douche froide et lessive à la main ont été tout aussi merveilleuses ;) Le soir, petit show de musique khmer. Que demander de plus ! ;

– le quatrième jour, nous parcourons 45 kilomètres pour rejoindre Snuol. Mais cette journée là s’avère plus difficile… La route est parfois rude, nous freinant et exigeant de nous un double effort, les dénivelés s’intensifient et paraissent vite plus marqués avec la fatigue qui s’installe. La ville étape n’a par ailleurs pas grand intérêt…

– le cinquième jour, nous sommes, cette fois ci, tous les deux malades… cloués au lit parce que très affaiblis et dégoûtés par toutes les odeurs de bouffe !

 

Nous voilà à faire un premier bilan. Depuis le début de notre voyage à vélo, nous devons nous adapter continuellement à notre nouvelle façon de voyager. Tout d’abord, le vélo est un moyen de transport qui permet (ou impose ?) de prendre son temps. Oui, nous sommes partis en clamant qu’on cherchait à prendre du temps pour soi et prendre le temps de prendre le temps, mais… et bien c’est que c’est plus facile à dire qu’à faire !

Par exemple, les premières semaines, on commençait tout juste notre journée de vélo, qu’on souhaitait déjà être arrivés. Aujourd’hui, nous avançons avec beaucoup plus de plaisir, profitant davantage de chaque parcelle de chemin que nous parcourons. Un coup de pédale à la fois ! Bon, c’est vrai aussi que notre endurance s’améliore et que ça nous permet de prendre plus de plaisir sur une journée de vélo.

On s’est aussi rapidement rendus compte que nous avions des attentes. Des attentes par rapports aux récits d’autres cyclos. Oui, nous avons rapidement pris conscience que chercher à vivre le voyage des autres nous mènerait droit vers la déception. Puis, là encore, il est probablement nécessaire de ne pas vouloir tout vivre dès le premier jour ! Finalement, on doit vraiment apprendre à prendre notre temps !!

Plus tard, nous avons dû nous rendre à l’évidence que nous avions planifié de parcourir un nombre de kilomètres bien trop ambitieux pour nos cuisses de débutants ! Par conséquence, il a fallu accepter que nous ne pourrions pas tout faire ! Changer de manière de voyager : ne plus chercher à tout faire en un minimum de temps, mais profiter simplement de ce qu’on verra sur notre route. Et considérer que pédaler fait partie de la découverte à part entière. On doit avouer qu’au début, on planifiait sur plusieurs semaines notre trajet, comptant le nombre de jours qu’il nous fallait pour atteindre notre « super » objectif. Ça enlève un peu de spontanéité, nest-ce pas ?

Autre point, l’adaptation au rythme l’un de l’autre. Et oui, nous voyageons à deux. Jean-François a un peu plus de difficultés à se résigner à voir moins que ce qu’il avait en tête. Je dois réclamer des temps de pause,  parce que je sens que nous en avons besoin… autant lui que moi.

 

Au final, nous sommes conscients que nous sommes encore dans une phase d’adaptation. Une phase où nous cherchons notre rythme, notre ligne directrice, notre propre état d’esprit.

Ce qu’on ressort de nos lectures par ci par là, c’est qu’il semble y avoir autant de cyclos que de « philosophies » du voyage à vélo. Il y a ceux pour qui le vélo a toujours fait partie de leur vie, alors 6 à 7 heures de vélo par jour, c’est leur train train. Il y a ceux qui pensent que prendre un autre moyen de transport pendant le voyage, c’est échouer dans leur projet. Il y a ceux qui cherchent les routes difficiles parce que c’est ça qui les fait vibrer. Et il y en a d’autres encore. Nous, on ne se reconnaît pas dans ceux là. On ne sait pas vraiment où on se situe en fait… on se cherche encore.

Ce qu’on sait, c’est que malgré les questionnements et les remises en question qui peuvent nous titiller, on ne regrette rien ! C’est une expérience incroyable, que ce soit de par le point de vue que nous offrent les déplacements en vélo, ou bien les dépassements de soi, ou plus encore, le sentiment de liberté que nous procure notre engin. On apprend aussi beaucoup sur nous et c’est aussi ça qu’on voulait !

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