C’est à Snuol que nous nous étions arrêtés et que nous étions tombés malades, incapables de faire quoi que ce soit. À part repousser les frontières de l’intimité de notre couple… ;)
Dès le lendemain, le 16 février, nous nous sentons déjà mieux, mais encore trop faibles pour reprendre les vélos. Rester une journée de plus à Snuol, dans la chambre d’hôtel, ne nous enchante guère. Même si à la lumière matinale, j’arrive à trouver un certain charme hollywoodien à cet espace, avec son ventilateur, les tâches de poussière rouge sur les murs et la lumière du soleil qui s’infiltre, l’air de rien, au travers des rideaux. Mais il fera bientôt chaud.
Nous décidons alors de prendre un bus pour aller à Sen Monorom, dans le Mondulkiri. Cela nous permettra de ne pas perdre trop de temps sur notre itinéraire et nous pourrons continuer de reprendre des forces là haut. Là haut… wouf ! C’est qu’on est presque contents d’avoir été malades à ce moment là lorsqu’on voit les dénivelés qu’on aurait dû se farcir si nous avions été à vélo ! Nous aurions eu mal. Oui, mal…
Une fois arrivés en haut, nous déposons nos bagages dans un endroit charmant et paisible (Tree Lodge, si jamais l’adresse peut servir un jour à quelqu’un) ! On s’y sent si bien ! Un coquet petit bungalow, à l’orée de la jungle. Le repos y est des plus agréables, loin des bruits de moteurs qui commençaient à devenir pénibles à entendre.
Nous sommes enfin remis le jour suivant. Nous partons pour un trek de deux jours dans la jungle. Il s’agit en fait d’une participation à un projet écotouristique initié par Mister Tree, le propriétaire du lodge où nous dormons. Il n’existe pas moins de 5 projets similaires dans la région.
Les objectifs de ce type de projet sont multiples : préserver la forêt que l’homme coupe en masse, jusqu’à nuire à l’écosystème; permettre l’accès des ethnies vivant dans la jungle aux besoins de base, aux soins et à l’éducation; sauver les éléphants, espèce en voie de disparition. À ce sujet, Mister Tree nous explique que les éléphants sont vendus à Siem Reap, où ils seront utilisés pour balader les touristes. Ils travaillent toute la journée et meurent en moyenne après 5 ou 6 ans de travail acharné, car ils n’ont plus le temps de se nourrir… Si vous vous y rendez, ne faites pas de tour en éléphant… pour eux.
Le premier des deux jours, nous avons marché dans la jungle. Une jungle de bambou, plus sèche qu’à Kao Yai. C’est vrai que le temps est plus chaud et moins humide au Cambodge qu’en Thaïlande. La bande sonore que nous avions tant aimé à Kao Yai se fait plus timide… et pour cause ! De nombreux animaux ont déserté les lieux au cours de ces dernières années. Car l’homme à pris de la place, en espace physique mais aussi sonore (nous ne sommes pas les seuls à être importunés par les bruits de moteur). Une balade de 14 km avec un guide local, de l’ethnie des Bnongs. Il insistera plusieurs fois sur le fait qu’il n’est pas khmer. La nuit, nous dormons en hamac. C’est une expérience ! J’ai pu observer les étoiles à plusieurs reprises au cours de la nuit… la Terre tourne.
Le deuxième jour, nous avons rencontré Sophie et Princesse, les éléphantes de Mister Tree. Nous les avons nourries, suivies dans leur habitat, puis lavées ! C’était très rigolo.
Le 20 février, nous devons quitter Sen Monorom. Nous nous y sentions tellement bien que nous y serions restés un jour ou deux de plus… Mais d’autres aventures nous attendent. Nous partons, vélos chargés, en direction du Ratanakiri. Le parcours est vallonné, mais une fois de plus, nous sentons que notre endurance augmente. Notre plaisir aussi ! La route est d’assez bonne qualité, bien qu’en construction sur une bonne partie. A la lecture de blogs plus anciens, cette route semblait pleine de trous auparavant, traces de la guerre… Il y a par ailleurs peu de circulation et tant mieux ! Car quand un camion passe, nous mangeons la poussière… c’est le cas de le dire. Petite déception : les paysages. On observe une nature vraiment dénaturée. Il ne reste plus beaucoup d’arbres de cette ancienne jungle. On comprend d’autant plus l’importance de soutenir les projets comme celui de Mister Tree.
Il y a moins d’habitations dans les deux régions que nous traversons, ce qui nous permet de camper. Jusqu’à maintenant, on a essentiellement dormi en guest house. Les bords de route sont très occupés, les gens peu rassurants quand on leur demande si on peut profiter du bord d’une rivière, et les prix très peu élevés pour avoir la tranquillité dont on ressent le besoin après une journée de vélo. Nos demandes nous amènerons à dormir d’abord sur un chantier de construction, ayant l’occasion de découvrir l’humour gras des gars du milieu (ah ! Pour le coup, ils savent se faire comprendre! ), puis chez le policier du village ensuite, à Lumphat, au bord du fleuve. Bien que le lieu paraisse d’emblée plus agréable que le précédent, nous finirons par comprendre que nous nous étions installés dans le terrain qui sert de toilettes au monsieur !
Le 23 février, nois arrivons à Banlung. Notre programme y sera tranquille : lecture et chilling le premier jour, puis sortie en scooter le second jour, pour faire le tour des sites d’intérêts de la région (lac formé dans un ancien cratère et chutes d’eau). Nous avons aussi beaucoup mangé ! :)
Au final, nous aurons passé de bons moments dans le Mondulkiri et le Ratanakiri, deux provinces situées à l’est du pays, plus sauvages et moins peuplées. Nous y avons été témoins des transformations que l’homme opère sur la nature, que ce soit par sa simple présence ou son action… Mais pas seulement ! Ca a aussi été l’occasion de voir que d’autres réagissent et mettent des choses en place pour préserver la nature.
À notre échelle de voyageur, ça aura été un moment parfaitement dosé, entre vélo, repos, trekking, visites et lecture.
Le 25 fevrier, nous parcourons les 70 kilomètres qu’il nous reste avant de quitter le Cambodge. Nous regardons les paysages comme pour leur dire au revoir. Au revoir pays aux gens si souriants et aux belles couleurs chaudes !
Anecdote culinaire : Notre guide Bnong nous a fait goûter des fourmis lors de notre trek dans la jungle ! De grosses fourmis jaunes. Il a pris une feuille sur laquelle se trouvaient de nombreuses fourmis, il a frictionné la feuille dans sa main et nous l’a tendue. Jean-François a goûté, alors j’ai voulu goûter aussi. En m’approchant, j’ai vu que les fourmis étaient vivantes ! Et bien j’ai quand même goûté et franchement, c’est vraiment pas mauvais. Ne sait-on jamais, ça pourrait servir si on était amené à devoir survivre dans des conditions « extrêmes » au milieu d’une jungle sauvage…
Tout simplement je l’ai mis dans mes favoris car il va peut être me servir Merci!