Il est temps de quitter le Viêtnam – De Ninh Binh à Na Meo

Il est temps de quitter le Viêtnam – De Ninh Binh à Na Meo

Nous faisons le voyage de Hué à Ninh Binh en bus de nuit, confortablement installés en couchettes. La nuit n’en demeure pas moins trop courte. Et 220 kilomètres nous séparent encore de la frontière vietnamienne, que l’on doit rejoindre en 3 jours, afin de quitter le pays avant la fin de notre visa.

Nous débarquons donc le 14 mars 2015, à Ninh Binh, à 4h30 du matin, la face plissée dû au manque de sommeil… Nous préparons nos vélos, sous le regard de plusieurs curieux : des travailleurs du matin, et un boeuf qui tire une charette (en pleine ville, la scène parait un peu absurde). Nous mangeons une soupe et c’est parti ! Sous une fine pluie. La pluie, nous avions presqu’oublié ce que c’était, puisqu’il n’a plu que sur une période d’une heure ces deux derniers mois, à Sen Monorom. L’air est de suite plus frais. Nous nous habillons de ponchos, qui prennent vite la forme d’une cape lorsque le vent s’engouffre dedans. Nous avons alors un air de super héros sur nos vélos.

Un peu ronchon peu après notre départ, car fatiguée, la journée sera finalement agréable. Nous avançons tranquillement sur de belles routes de campagne, parvenant à rejoindre Cam Thuy, à la fin de la journée, 85 kilomètres plus loin. Au petit matin, la lumière du soleil transperce finalement les nuages et, le long des petites routes que nous suivons, nous découvrons alors de magnifiques paysages, constitués d’amas de roches calcaires, un peu comme à la baie d’Halong, mais sur terre. C’est d’ailleurs un site qui attire de nombreux visiteurs semble-t-il : Trang An. Nous n’avons pas le temps de nous arrêter, mais je crois que ça vaut le détour. Une visite en bateau de caves naturelles, taillées dans la roche.

Ensuite, nous traversons surtout des villages qui semblent vivre de la culture de la canne à sucre. Plus loin, ce sont de nouveau des rizières, toujours aussi vertes, qui reprennent le monopole. Les villages se succèdent, mais ne se ressemblent pas tous. Certains semblent plus repliés sur eux-mêmes, avec des habitants qui nous paraissent moins accueillants. D’autres sont plus vivants et les saluts sont de retour, saluts des petits et des grands, mais aussi des coqs, des vaches et des boeufs.

Ça, c’était la partie facile, une route avec un petit dénivelé. Le lendemain, nous partons plus tard que prévu, car nous nous arrêtons dans un restaurant local où Jean-François s’est fait des amis la veille (ma nuit, pour ma part, avait commencé à 16h déjà…). Ils boivent un thé de couleur jaune qui, d’après eux, à des effets rigolos. Ils fument aussi dans une espèce de longue et large pipe en bois. Cette dernière pratique semble être locale, car nous croiserons des hommes parés de leur tube à fumer tout au long de la journée, et la suivante encore. Nous ferons 50 kilomètres, sur des routes assez similaires à celles de la veille, avec un dénivelé un peu plus marqué, mais surtout plein de boue. Et la boue, en plus de ralentir un peu notre avancée, nous charge de quelques kilos supplémentaires… surtout Jean-François. Nous nous arrêtons assez tôt, à Ba Loc, afin de profiter d’une bonne nuit en maison d’hôtes, mettant toutes les chances de notre côté pour être en forme pour la dernière ligne droite.

MAIS… ce ne sera pas suffisant et cette dernière journée au Viêtnam sera ardue, parce que nous manquons de temps, mais elle sera tout aussi inoubliable ! Départ matinal à 6 heures, ne niaisons pas, montons d’entrée de jeu 400 mètres de dénivelé (à froid, ça pique toujours). J’ai parlé de ligne droite ? Tu parles ! La route est en terre, escarpée, et zigzague pour rendre les montées « un peu plus douces ». Nous comprenons rapidement que nous allons en prendre plein les cuisses ! En plus, il y a aussi des travaux et un peu de boue encore… nous sommes lents, c’est dur. Les gens du coin nous regardent avec un air de dire « sont fous! ».

Nous arrivons finalement en haut, dans de petits villages où nous croisons des grand-mères aux dents bleues. J’avais lu à ce sujet, sur cette coutume de certains villages de minorités. Les vieilles dames sourient à pleine dents pour nous montrer fièrement leur plus beau sourire… très coloré ! Il parait que c’est considéré comme un signe de beauté. Et ça, ces sourires là, feront ma journée. C’est dur, je l’ai déjà dit, mais ces quelques rencontres d’un instant rendront cette route tout de suite plus agréable. Nous sommes contents d’être là !

Néanmoins, à 11h, nous n’avons fait que 35 kilomètres… nous devons abdiquer. Nous savons que nous n’atteindrons jamais la frontière avant la fin de la journée. Plan B ! Nous faisons du pouce, et sans trop attendre, un camion s’arrête. On s’auto-charge dans la remorque et c’est parti pour 50 kilomètres, soit 1 heure et demie de voyage, tenus éveillés par des bruit de ferraille et saupoudrés de poussière. Mission accomplie, nous rejoignons la frontière, à Na Meo, en temps et en heure.

 

C’est ainsi que nous quittons le Viêtnam, le 16 mars 2015, un pays que nous aurions aimé découvrir davantage. Il regorge de beautés et de surprises. Nous restons sur notre faim !

Autant le Cambodge nous a touché, autant le Viêtnam nous a charmé !

 

Ce qui nous a marqué au Viêtnam  :

– L’absence de moines ! Contrairement à la Thaïlande et au Cambodge, bien qu’il y ait des temples, nous n’avons croisé aucun moine. Pas un seul.

– Peut-être y’a-t-il un lien avec le fait que la religion ici semble plus mixte. Nous avons vu autant de bouddhistes que de catholiques. Ces derniers étant toujours contents de vérifier auprès de nous si nous partageons les mêmes croyances.

– Comme dans les deux précédents pays, aux côtés de la religion, on retrouve les signes d’un gouvernement très présent dans la vie de tous les jours de ses habitants. Quelques messages audios transmis par hauts-parleurs, bien que pas partout comme c’était le cas en Thaïlande, mais aussi des affiches véhiculant des messages assez explicites sur le parti communiste. Avec le marteau et la faucille en guise de signature.

– Nous avons fait de très belles rencontres ici, au Viêtnam, mais ce n’était pas une règle générale… Le sourire n’est pas aussi présent qu’au Cambodge. Ça dépend vraiment des coins. En région rurale, l’accueil était parfois très chaleureux, parfois très froid. Dans les villes, c’était plutôt différentes formes d’intérêt, et cela dépendant beaucoup, entre autres, de l’afflux touristique.

– Beaucoup plus de possibilités de s’adonner à des activités ludiques, le plus souvent pratiquées par les hommes, davantage que les femmes. On parle ici de karaoke ou de verres à boire entre amis. Les hommes fument par ailleurs énormément au Viêtnam, à croire que c’est une marque d’intégration sociale !

– Un pays beaucoup plus propre que les deux précédents. Et ça fait du bien ! Bien qu’on trouve encore des déchets sur la route, ces derniers sont plus rares et les jardins individuels sont généralement propres.

Le reste, j’en ai parlé au fur et à mesure dans les précédents articles (succulent café, rizières éclatantes, etc.).

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One thought on Il est temps de quitter le Viêtnam – De Ninh Binh à Na Meo

  1. REBAUDO CATHERINE dit :

    Merci de nous faire voyager à travers vos récits qui me laisse sans voix
    tellement vous forcez mon admiration.
    J, aime vous lire pour rêver toujours dans l, attende du prochain
    Je vous encouragent et vous embrassent.

    Catherine

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