De Boukhara à Samarcande

De Boukhara à Samarcande

Alors qu’il fallait quitter Boukhara, nous rencontrions cinq autres cyclos : Alexia et Daniel (alexdan2014.wordpress.com), Binh et Alessio (rollingpotatoes.com), Reece. Avec qui nous allions rapidement décider de rouler.

Rouler à plusieurs, une nouvelle expérience dans ce voyage. Un peu plus loin de la découverte du pays, mais plus proche du partage et de la cohésion d’une équipe nouvelle. Une expérience qui nous apportera son lot de bons moments, mais aussi beaucoup au niveau de nos connaissances cyclistes. Puis, ne le cachons pas, nous repartons plus confiants, ce dont Jean-François et moi avons besoin. Probablement que nous l’aurions retrouvée cette confiance, par nous-mêmes, tôt ou tard… mais peut-être plus tard que tôt.

 

Nous quittons donc Boukhara le 26 mai, à sept, formant un cortège qui pourrait ressembler à une caravane sur la route de la soie… Nous suivons la petite route du nord au départ de Boukhara, jusqu’à Navoi (route plutôt mauvaise au début, meilleure ensuite), puis l’autoroute jusqu’à Samarcande.

Nous apprenons à faire connaissance avec nos nouveaux compères, tout en avançant ensemble. Au début, nous discutons de ce que chacun fait dans la vie, quel est son passé de cyclo, comment le choix du voyage à vélo s’est fait, etc. L’expérience du cyclo-tourisme, bien que personnelle à chacun, nous permet un rapprochement plutôt rapide.

Nous sommes les plus novices et apprenons beaucoup des expériences des autres, que ce soit mieux connaître nos vélos, mieux cerner notre rythme, voyager à moindre coût, prendre conscience de l’intérêt de tel matériel, etc.

Un autre partage plein de richesses, ce sont les expériences de voyage de chacun. Nous sommes les seuls à être arrivés par avion, les autres étant partis depuis la France et la Belgique. Nous ressentons que le voyage est différent selon que tu aies une limite de temps déterminée ou non. Difficile à décrire en mots… peut-être simplement un lâcher prise plus profond. Car oui, l’air de rien, 3 mois passent vite et nous savons que notre temps sur les routes est compté… Ce qui est moins le cas lorsque tu as un an devant toi. Puis nous ressentons à travers les différents récits, une plus grande capacité à mettre chaque élément culturel ou religieux en perspective. Nous avouons que cela nous donne bien des idées. Pour un futur voyage ?

Il faudra toutefois un peu plus de temps pour que chacun s’habitue au rythme de la caravane. Souvenez-vous, Jean-François et moi avions déjà dû faire cet exercice au début de notre voyage, alors que nous n’étions que deux. Nous sommes maintenant 6 (Reece à décidé de repartir de son côté au lendemain du départ. Il roule beaucoup plus vite que nous !). Des compromis sont à faire de la part de chacun, que ce soit pour trouver une vitesse qui convient à tous, ou pour respecter le besoin de pauses, besoin plus individuel.

Nous nous organisons pour les repas (sous les conseils avisés d’Alessio le top chef cuisinier), décidons ensemble de la route à prendre le matin, etc. Plusieurs d’entre nous seront malades à tour de rôle. Lorsque c’est mon tour, je suis épaulée par toute la petite bande. De caravane, nous devenons petit train, avec une locomotive à son devant et les wagons derrières, ce qui nous permet d’avancer plus vite, chacun profitant de l’aspiration de celui de devant. J’avoue toutefois que le rythme demeure un peu trop rapide pour moi…

Peu de temps s’écoule avant que nous sentions que nous sommes une petite communauté. Une petite communauté de cyclo-touristes nomades, qui mènent une vie douce et agréable : entre 50 et 70 kilomètres de vélo par jour, une pause entre midi et 16 heures, nous laissant l’opportunité de faire une bonne sieste (soit dans un restaurant, sur un tapchan, alignés comme des sardines, soit dans un champ, à l’ombre d’un arbre, avec une vue de verdure et de bleu ciel) ou bien d’échanger avec des locaux rencontrés, l’établissement du camp pour la nuit. Une vie bohème.

« Ah ! Qu’est ce qu’on est bien ! », une phrase qui devient quotidienne. Nous sommes bien, simplement bien. Pas « trop », pas « pas assez ». Juste ce qu’il faut. Alessio finira même par trouver le moyen, à l’aide d’un pneu et d’une bâche, de nous installer une douche. Et là ! Plaisir suprême : la sensation des cheveux propres. Le seul problème que nous avons eu à gérer : les épines des plantes sèches ! 4 victimes après notre première nuit en milieu désertique : 3 matelas de sol et un de mes pneus, ma première crevaison.

Les Ouzbèques sont incroyablement hospitaliers, cela se confirme. Jamais ne nous sommes vus refuser une place. Souvent, nous avons reçu un bol de lait ou même un plat de plov. Le plov, le plat national, du riz pilaf. Parfois même, nous nous sommes faits invités à la maison, alors que nous étions six ! Binh me fait alors remarquer que nous traversons des pays où les voyageurs ont été nombreux par le passé. Un héritage de la route de la soie ?

Bref ! En résumé, nous sommes maintenant bien loin de notre première semaine difficile !

 

Finalement, nous arrivons à Samarcande après 5 jours de pédalage, le 30 mai au soir. Cette ville est aussi chargée d’une forte histoire, entre conquêtes diverses et l’arrivée du grand Amir Timur. On visite madrasas et mosquées, disséminées un peu partout dans une ville bétonnée. Un peu dommage ces places très carrées et ces rénovations, qui gâchent un peu la magie d’une époque ancienne. Nous visiterons plusieurs des sites d’intérêt avec un guide, en groupe, après avoir pris le temps de se reposer pendant deux jours dans la super guest house d’Abdu Rhamon. Repos, bons repas, apéro, et même piscine rafraîchissante ! En plus de devenir feignants dès que nous posons les vélos, nous apprécions le confort de cette place.

Profitons en, nous repartons déjà bientôt. Prochaine destination : la frontière tajike !

 

Note rétrospective : Binh la vietnamienne confirme que les oeufs avec les poussins en développement (i.e. un certain repas au Cambodge) sont super bons.

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