Le 8 mai, nous atteignons Irun, qui se trouve à la frontière avec la France, après la traversée du nord de l’Espagne en bus et en train. Se promener en transports en commun avec des vélos comportent son lot de stress et d’organisation; bien que cela se soit au final bien passé, nous nous disons que nous éviterons à l’avenir de mixer ces deux moyens de transport. Ce sera l’un ou l’autre, pour plus de tranquilité d’esprit.
Depuis Irun, nous traversons la frontière qui existe seulement symboliquement, pour rejoindre Hendaye. Ici, nous descendons sur le bord de l’eau. Les enfants disent encore « Ola » aux gens que nous croisons, le temps de s’adapter au « Bonjour ». Nous leur expliquons que « Allô » n’est pas commun ici comme au Québec, que c’est comme dire « Salut » en allemand. Nous suivons d’abord La Bidassoa, qui fait office de frontière physique avec l’Espagne, avant de retrouver la côte atlantique, bordée de marinas, de plages et de pistes cyclables et piétonnes. Un air d’été semble s’installer tranquillement ici. Des terrasses, des pistes de boules pour l’apéro-pétanque, des airs de guinguette. Pas de doute, nous sommes en France.
Nous croisons plusieurs personnes curieuses de notre mode de transport en famille. Nous recevons plein d’encouragements, des compliments et des sourires. Notre arrivée au pays est très agréable.
Niveau route, ça continue de grimper et de descendre. Nous sommes renforcis de notre passage par la côte portugaise et reposés de notre arrêt en Espagne. Nous avançons bien. Jusqu’à ce que nous perdions la connexion GPS… aucune idée du nombre de montées qu’il nous reste à parcourir et dans la famille, il y a deux équipes : Maxandre et moi qui aimons savoir ce qui nous attend en terme de nombres de kilomètres et de dénivelé, et Jeff qui préfère ne pas savoir. La mauvaise humeur me gagne vers Bidart, l’appétit bien ouvert à ce moment. Ça va mieux lorsqu’un local nous confirme qu’il nous reste qu’à descendre pour arriver à notre camping à Biarritz.
On se serait bien arrêtés à Saint-Jean-de-Luz, seulement traversé, mais dont les petits immeubles aux colombages colorés ont attirés mon attention. C’est une architecture très différente des maisons alsaciennes. Mais nous devons retrouver mon frère Tanguy, que je n’ai pas vu depuis 3 ans, à Biarritz. Les enfants sont bien heureux de le voir aussi, et nous réalisons que dans leur fébrilité de la semaine dernière, il se peut qu’il y ait aussi un besoin de socialisation non comblé en étant tout le temps avec leurs parents. Ha, la dure vie de ces petits êtres trop sociables.
À Biarritz, nous profitons du marché, d’un pique-nique à la plage… et de constater que je n’ai définitivement plus de frein avant. Diagnostic : fuite du liquide de mes freins hydrauliques, la pièce à changer est difficile à trouver, et on nous annonce des délais pour un rdv de réparation. Nous nous contenterons de changer les plaquettes de mes freins arrières et je roulerai prudemment jusqu’à ce qu’on puisse faire la réparation plus loin.
Lorsque nous quittons Biarritz, nous découvrons un front de mer parsemé de rochers façonnés par l’océan. Dame nature est une sculpteuse de talent. On y trouve aussi une belle église de style gothique, Ste-Eugénie. Plus loin, nous apercevons des bunkers dans la falaise. Un monsieur nous entend en parler et vient nous partager quelques souvenirs de son père qui a été un soldat multi-blessé et amputé. Ça me rappelle les nombreux témoignages du genre que j’entendais quand j’étais enfant et je suis contente que mes enfants puissent à leur tour en entendre. Pour ma génération, les témoignages venaient de ceux qui l’avaient vécu; je me souviens des poilus de la première guerre mondiale. Maintenant, ce sont davantage leurs enfants qui témoignent. La journée de vélo sera plus courte que prévu car la pluie est plus grosse en fin de journée. La pluie, la pluie… elle nous a suivi jusqu’ici… décidément ! Nous nous demandons si nous devrions rebaptiser le thème de notre voyage : À la poursuite du cycle de la pluie… Mieux vaut en rire.
Retour du soleil le lendemain : direction Moliets-et-Maa, où nous serons accueillis chez des amis à Tanguy. Merci encore Seb et Alicia pour l’accueil. Ici, nous découvrons, une fois sortis de la pinède, une petite ville très tranquille, qui se prépare à l’arrivée des touristes pour la période estivale. Les restaurants du bord de mer reprennent peu à peu du service. Le rush s’en vient. Ce sera ensuite la même chose à Cap-de-l’Homy, où nous resterons 2 nuits. C’est notre plage préférée des Landes : derrière la forêt de pins et la dune, on découvre une plage presque sauvage, où on peut aussi observer des surfeurs. C’est très tranquille à cette époque de l’année et ce n’est pas pour nous déplaire. Là aussi, les restaurants se préparent à la saison.
Les étapes suivantes seront Ste-Eulalie-en Born, puis Biscarrosse, avant la fameuse Dune du Pilat. La route est toujours agréable dans des paysages de pinèdes, le cycle de la pluie nous a enfin quitté, et lors de nos pauses, nous découvrons des bouts de plage cachés derrière la dune, tout ça sans nous en lasser. Il y a aussi tout un tas de bonnes odeurs sur la route, surtout des pins et des plantes. C’est un vrai bonheur de rouler !
Biscarrosse a la particularité de s’étaler sur un bourg, un lac, une forêt et une plage, de quoi en contenter plus d’un. Maxandre râle un peu quand on s’aperçoit que nous avons fait le détour, malgré nous, pour traverser toutes les déclinaisons de la ville. C’est toutefois un détour qui vaut la peine, la route le long du lac et dans la forêt est très belle. Puis pause dans un camping qui offre toute une infrastructure de jeux, ce qui réjouit les enfants. Je suis toujours surprise de voir comment Maxandre se remet très vite de l’effort pour aller jouer et dépenser encore plus d’énergie. Parce qu’en plus de pédaler, il parle beaucoup ! Tonton pourra en témoigner…
Enfin, le lendemain, nous atteignons la fameuse dune, après la traversée de la forêt, puis tristement, de ce qui en reste. Je n’avais pas suivi cette actualité : il y a eu un grand feu en 2022, qui a ravagé la région. On en voit encore les stigmates – de la cendre mélangée au sable ici, des morceaux de bois brûlés là -, mais aussi les marques de la renaissance de la flore. Du haut de la dune, que nous grimpons en fin de journée, magnifique vue sur le bassin d’Arcachon, le banc de sable d’Arguin et des parapentes sur fond de coucher de soleil. Les enfants s’amusent toujours comme des fous dans le sable (ça leur rappelle un peu le désert marocain) ! Et les adultes aussi, surtout lorsqu’il devient possible de tester les sensations de pesanteur en redescendant…

























