Les hauts plateaux du centre – Partie 2

Les hauts plateaux du centre – Partie 2

Du 26 février au 5 mars, nous roulons donc dans les hauts plateaux du centre, empruntant la route d’Hò Chi Minh. Nous rejoignons Pleiku la première journée, puis Kon Tum, Dak Tô, Dak Glei, Khâm Dum, Thanh My. Entre ces villes, nous profitons de paysages divins. Plus nous avançons, plus les silhouettes des montagnes deviennent montagnes tout court. De même que les élévations nous mettent chaque jour un peu plus au défi. Jusqu’à passer deux cols de 1000 et 1100 mètres, dans la même journée, entre Dak Glei et Khâm Dum. Respectant toujours notre rythme, nous y parvenons sans trop de difficulté.

Dans la première partie, avant Dak Glei, on s’émerveille devant les verts pimpants des rizières. Dans les plateaux, il nous arrive de voir des étendues d’eau, qui reflètent la lueur du soleil, en fin de journée. Puis il y a aussi les villages de minorités. Des endroits pittoresques, où nous retrouvons l’énergie des enfants qui courent à notre rencontre pour nous saluer. On ressent de suite plus de pauvreté, mais en même temps aussi plus de convivialité dans les signes qui nous sont adressés. Sur la deuxième partie, c’est une jungle touffue, mais pourtant si organisée, et les murmures des animaux qui nous ensorcèlent. Nous sommes charmés !

Il faut dire que nous avions lu beaucoup de commentaires plutôt négatifs au sujet des routes au Viêtnam pour les cyclos. Beaucoup de gros engins, peu cordiaux envers les plus petits qu’eux. Or, les camions et bus ne sont pas si nombreux sur cette route plutôt calme. Probablement que les deux cols à plus de 1000 mètres ont raison d’eux (nous croisons deux bus en panne et une carcasse de bus qui a carrément brûlé  !)… mais pas de nous ! Nous devons cependant rester vigilants mais nous ne sommes pas sans cesse harcelés par les klaxons. Et ce que nous retiendrons plus que tout, c’est l’opportunité que nous avons eu de nous sentir proches des locaux.

En effet, les gens sur la route sont tellement accueillants ! Ce sont des « Hello », mais aussi des signes, des encouragements et de l’intérêt pour notre parcours. Bien que tous ne parlent pas l’anglais, nombreux sont les curieux qui viennent nous accoster. On sort notre dictionnaire Francais/Vietnamien, et les échanges deviennent vite très chaleureux. L’avantage par rapport aux deux précédents pays, c’est que c’est le même alphabet que le nôtre, donc nous pouvons lire. Les enfants, eux, arrêtent toute activité en cours lorsqu’ils nous voient passer. Certains ont alors l’air ahuri, comme s’ils voyaient deux extra-terrestres. Un monsieur nous fera une remarque sur notre grand nez. Mais ce n’est probablement pas que ça… Encore une fois, je crois vraiment que la barbe de Jean-François y est pour quelque chose. Preuve en est que, dans les magasins, lorsqu’il demande de la crème solaire, on lui propose de la mousse à raser !

Nous nous faisons régulièrement inviter. De manière générale, nous ressentons beaucoup de sympathie de la part des Vietnamiens. On vit des moments de proximité et de partage que nous n’oublierons jamais.

Les rencontres qui nous ont marqué :

– Alors que nous prenons une pause sur le bord de la route, une vieille dame nous invite à entrer chez elle. Elle nous offre le thé (et une bière pour Jean-François) et des gâteaux à volonté… et même plus encore. Son regard est celui d’une grand-mère qui veut que tu finisses la deuxième fournée de petits gâteaux, et même si tu n’as plus faim. On échange à l’aide de notre livre de conversation. La relation est très bonne ! Au point qu’elle voudra qu’on l’invite à notre mariage. Assise à côté d’elle, la vieille dame qui semble beaucoup m’apprécier, commence à me donner des claques sur l’épaule, de plus en plus fortes, dès qu’on rit. À la fin, elle me pince ! Il est temps de partir… bien que je sois persuadée que c’est un signe d’affection et que plus ça fait mal, plus ça l’est.

– Trois jeunes au bord d’un lac, qui nous font des signes de la main. Le décor vaut une pause à cet endroit, nous nous laissons tenter par l’invitation. Nous buvons des shooters de schnaps local et mangeons du poisson fraîchement péché, puis cuit au feu de bois par nos amis d’un instant.

– Le couple qui tient un café à Dak Glei, où nous nous sommes arrêtés une journée pour nous reposer. Alors que Jean-François s’intéresse à son activité de menuiserie, le mari nous invite à manger le soir. Nous avons partagé, en toute simplicité, un très bon repas, assis par terre sur une natte de paille. Pour la petite histoire, nos hôtes riaient de notre manque de souplesse à rester assis en tailleur. L’air de rien, ça demande une certaine agilité !

Et aussi ! Des rencontres plus furtives. Il semble que j’aie la cote auprès des Vietnamiennes ! J’ai le droit à des compliments et de poser en leur compagnie pour des photos souvenirs ! C’est à la fois drôle et agréable. Disons que ça commence bien la journée. Les dames veillent aussi à ce que je cache convenablement bien ma peau blanche, pour ne pas griller au soleil. D’ailleurs, elles mêmes sont souvent vêtues comme des yéties, craignant de bronzer ! Chaussettes, gants et chapeaux longs sont de mise !

 

Au final, depuis notre arrivée au Viêtnam, malgré un départ des plus difficiles, nous vivons pleinement notre expérience à vélo. Nous sommes simplement heureux, à pédaler, découvrir des paysages, rencontrer des gens et vivre, pour un instant, un morceau de leur quotidien. Il nous arrive parfois de prendre conscience que nous roulons avec un large sourire, qui semble être là depuis un moment, affiché sur notre face, juste parce que nous sommes bien. Je parlerai une autre fois de cette sorte de méditation par le vélo que nous expérimentons…

 

N.B. : Nous ne faisons pas beaucoup de visites dites touristiques, notre expérience de tous les jours nous suffisant amplement. Nous sommes tout de même allés voir le lac Bien Hò, proche de Pleiku, très joli, et la vieille église en bois de Kon Tum.

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