Viêtnam, à ton tour ! Les hauts plateaux du centre – Partie 1

Viêtnam, à ton tour ! Les hauts plateaux du centre – Partie 1

Notre arrivée au Viêtnam, le 25 fevrier 2015, marquera un tournant dans notre voyage… ou plus exactement au niveau de notre façon de voyager.

 

Nous venons de parcourir 70 kilomètres au Cambodge lorsque nous arrivons à la frontière. 70 kilomètres parfaitement négociés ! Ce jour là, c’est moi qui mène la danse de la pédale, avec une énergie débordante, une endurance au top. Les dénivelés me donnent l’envie de me dépasser. Sur les derniers kilomètres cambodgiens, on jouit d’une longue et agréable descente pour un dénivelé de 200 metres environ, avant de remonter tout de suite après. La route est en travaux, ce à quoi nous ne nous attendions plus, et il fait chaud. Pensant que je conclus ici ma journée, je donne tout ce que j’ai.

Puis nous arrivons à la frontière, à Khum Pak Naï. Côté cambodgien, une toute petite frontière, avec une toute petite barrière, deux douaniers qui s’ennuient. Nous signons notre sortie, enjoués à l’idée de découvrir un nouveau pays. Nous parcourons un kilomètre entre les deux postes. Ça continue de grimper, quand nous apercevons l’entrée pour le Viêtnam. Ici, l’ambiance est différente. Nous sommes accueillis par un sympathique douanier qui parle un peu le français. Après avoir vérifié nos visas, il nous dirige vers un grand bâtiment, afin qu’un autre officier appose le tampon d’entrée dans nos passeports. Bien qu’il paraisse plus froid, ce monsieur nous accueille avec une poignée de mains qui veut dire « Bienvenue au Viêtnam ». On est loin de la corruption d’accueil du Cambodge.

Les premiers kilomètres au Viêtnam sont très tranquilles. Pas de trafic du tout, nous sommes presque seuls. Nous avons hâte de trouver une auberge et de trinquer au début d’une nouvelle étape. Or, à ce moment, tout bascule. Je suis maintenant épuisée ! Les dénivelés sont plus corsés et nous ne voyons nulle part écrit « hotel » ou « guest house ». Cela nuit à mon enthousiasme… Heureusement, Jean-François gère plutôt bien la situation. Bien qu’il soit parfois plus loin devant pour éviter ma mauvaise humeur.

Sur la route, nous sommes invités à venir prendre un verre chez des gens. Nous nous arrêtons. Jean-François aura droit de trinquer à l’alcool de riz, moi à l’eau… Lorsqu’on repart, il est saoul, moi toujours aussi fatiguée. Le trafic s’épaissit. Lorsqu’on demande où trouver un hôtel, on nous indique des distances variables. Chaque nouvelle montée est un effort sur-humain pour moi. Ma gorge se serre. Les gens sont pourtant très accueillants (nous ne sommes pas dépaysés du Cambodge, les « Hello » sont toujours hélés).  Mais je suis à bout, j’ai envie de pleurer. Les klaxons me sont insupportables. C’en est trop ! Malgré les nombreux spectateurs se trouvant sur les bords de route, je craque et… je pleure… une première fois. Il faut imaginer que ma respiration sanglotante est semblable à celle d’une personne faisant une grosse crise d’asthme. Je me reprends. Des gens nous proposent de les suivre jusqu’à un hôtel. C’est encore loin. Trop loin. Jean-François est devant, un chien me course. Ma technique ne marche plus ! Je pleure… une deuxième fois.

Au final, nous trouverons notre auberge 25 kilomètres plus loin et 300 mètres plus haut, après notre passage à la frontière. Les pires kilomètres depuis le début de notre voyage ! Nous voilà devant un bâtiment sur lequel est écrit « Nha Nghy » et non « hotel » ou « guest house ». Il est fort possible que nous en ayons vu auparavant… sans le savoir. Mais je ne pleure plus.

 

Le lendemain, malgré l’affreuse fin de journée de la veille, nous décidons de continuer notre route en passant par les hauts plateaux du centre. Qui dit hauts plateaux, dit cols. Et oui ! D’un commun accord, nous bilantons que nous avons (surtout moi) mal géré l’effort sur la distance la veille (enfin… il faut aussi dire qu’on ne pensait pas faire 95 kilomètres quand nous sommes partis le matin de Banlung). Nous prévoyons qu’en prenant notre temps, nous devrions être capables de traverser les montagnes. D’une part, nous pensons qu’en gérant l’effort, nous avons maintenant une endurance suffisante pour le faire et, d’autre part, nous sommes excités à l’idée de voir des paysages montagneux. Première mise à l’essai de notre résolution. Nous partons pour Pleiku, qui se trouve à 800 mètres d’altitude, la plus grosse montée étant sur la fin. Et nous y parvenons comme de vrais chefs ! Nous roulons ensemble, nous soutenant l’un l’autre. La détermination dans l’oeil, et surtout la sagesse de l’expérience qui rentre.

Nous prenons une pause à Pleiku, profitant d’une journée à flâner dans les rues de cette ville que nous trouvons très art moderne au niveau architectural. Finalement, on verra plus tard que c’est un peu le style des maisons dans le coin. Elles sont toutefois plus récentes ici, puisque la ville a été laissée en ruines lors de la guerre du Viêtnam et reconstruite en 1980. Nous notons rapidement qu’on y trouve nombreux cafés, décorés avec goût : tableaux, photos, entre autres. Nous apprécions retrouver ce genre de détails dans la ville, un peu à la mode européenne. Et le café est un vrai délice ! Coulé serré avec un fond de crème très sucrée et des glaçons, nous en raffolons. (Nous avions aussi beaucoup apprécié le café cambodgien, préparé d’une toute autre manière, bu chaud ou glacé. Les cafés d’Asie du sud-est valent le détour ! )

À suivre…

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2 thoughts on Viêtnam, à ton tour ! Les hauts plateaux du centre – Partie 1

  1. maurice Elmaleh dit :

    Vous ne pouvez imaginer à quel point votre aventure m’émeut . Vous êtes souvent dans mes pensées …. Et quand je vous lis , c’est plus fort que moi ,j’ai les larmes aux yeux , et en même temps je suis tellement fier de vous … Je réalise quand même que c’est une aventure hors norme . Quelle volonté ! Quelle détemination ! Tous ces efforts , cette souffrance et vous continuez à aller de l’avant ……
    C’est un cadeau magnifique que vous nous faites ….. Et je pense à vos enfants déjà …. Quel magnifique exemple d’appréhender la vie , de vivre la vie …
    Je vous aime

    Mo

  2. Rachel dit :

    Waouh! J’adore te lire! C’est une sacrée expérience ! Chapeau à vous 2!
    Bon courage!

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