Le long de la côte – De Hoi An à Hué

Le long de la côte – De Hoi An à Hué

Du 6 mars au 13 mars 2015

Lorsque nous quittons Thanh My, nous quittons aussi les hauteurs. À l’inverse de notre parcours du début, les montagnes redeviennent doucement des silhouettes, jusqu’à se trouver complètement derrière nous. Le retour des camions et des bus ne se fait pas attendre longtemps. Et c’est reparti pour la fanfare de klaxons, toujours aussi agressive.

Toutefois, nous apprécions les paysages qui s’offrent à nous, au fil de nos coups de pédale. On passe par de petits villages où nombreux sont les habitants à s’atteler au travail dans les rizières. Ce sont là encore des champs de verdure d’une éclatante vivacité. On y voit beaucoup de femmes (rappelez-vous, on avait observé qu’au Cambodge, les femmes étaient plus à la maison). De manière générale, les Vietnamiens semblent très actifs et travaillants. Il parait d’ailleurs que le Viêtnam produit 4 récoltes de riz par an contre une au Cambodge. Il faut aussi dire qu’ils ont un système d’irrigation plus développé… ils peuvent donc mieux contrôler les aléas liés à la période sèche.

Puis, les villages sont de plus en plus urbanisés. On commence à apercevoir des personnes d’un certain âge, vêtues d’une tenue traditionnelle : une longue tunique de soie moulante, tombant sur un pantalon large, un chapeau pointu de paille sur la tête. Elles se tiennent droites et fièrement sur des vélos de ville. Plus loin, nous traversons une rue principale, lorsqu’on entend de la musique traditionnelle qui raisonne. Ce spectacle me donne tout à coup un frisson. Je ne saurais dire exactement ce qui m’a tant touché. Je crois que c’est cette scène de vie d’un autre monde. Un peu comme on en voit dans des documentaires. Je crie à Jean-François : « Putain ! Là, pas de doute, on est au Viêtnam  ! ». Bien que ça pourrait aussi être là Chine… Toujours est il qu’il y a de la vie ici.

Plus qu’une dizaine de kilomètres nous séparent d’Hoi An, petite ville du bord de mer. Le trafic s’affole tout à coup ! Des mobylettes et des scooters nous encerclent, arrivant de tous les bords et coupant les routes. C’est la jungle routière ! Mais il semblerait que nous nous soyons plus qu’adaptés aux lois inventées seulement ici. Plus peur de rien (mais toujours avec prudence), on coupe aussi !

Puis nous arrivons à Hoi An ! On sent un peu l’air de la mer dès qu’on en approche. On tombe rapidement sous le charme de cette ville, soit touristique, mais qui garde son âme.

Pendant notre arrêt ici, nous flânons dans la vieille ville, classée au patrimoine de l’UNESCO. C’est charmant. Des petites rues aux maisons à prédominance jaune pastel. On y trouve des petits cafés, des terrasses au bord de l’eau, un marché plutôt ordonné par rapport à ce qu’on a l’habitude de voir . Il faut négocier les prix qui sont multipliés par 2 ou 3 pour les touristes. Nous sommes aidés par le fait que nous connaissons les prix en dehors de la ville. Certains ne lâchent pas le morceau. Tant pis ! Nous allons voir ailleurs.

Le soir, la ville s’illumine, pour se montrer sous un nouveau jour. Des lampions sont suspendus un peu partout, les lumières des cafés éclairent les rues. La balade y est tout aussi agréable. Cédant au charme de ce beau petit centre, nous y restons deux jours.

C’est aussi l’occasion pour moi de me faire confectionner un pantalon, puis une robe sur mesure. En effet, un attrait de Hoi An est aussi le nombre hallucinant de tailleurs qui proposent de faire des tenues faites pour vous ! Jean-François hésite et finalement résiste, moi je craque (sans vraiment avoir montrer de réelle hésitation, je l’avoue). Je mets aussitôt mes nouvelles tenues, heureuse de changer de mon débardeur et leggings de sport. Oui ! Les photos de l’album souvenir en témoigneront : on met souvent les mêmes fringues, puisque nous n’avons pris que le strict minimum dans nos sacoches.

Deux jours plus tard, nous quittons la ville pour arriver à la plage. C’est avec notre bronzage « tue l’amour » de cyclo que nous nous étendons sous un parasol, sur un sable clair et chaud. Que nous apprécions cette journée à lézarder, lire, écrire, faire une sieste et boire des cocktails. Nous y sommes si bien qu’on y campera la nuit aussi. Une famille vient d’ouvrir un restaurant local et c’est elle qui gère ce morceau de plage. Ils viendront nous voir à plusieurs reprises, d’abord par curiosité et voir notre campement, puis pour discuter et nous apporter à manger. Il semblerait que notre riz blanc mal cuit, car plus de gaz, dans le réchaud leur ai fait pitié…

Nous en apprendrons beaucoup plus sur l’évolution du tourisme dans la région le lendemain matin. Nous prenons un café avant de continuer notre routequand nous rencontrons un homme suédois qui est co-investisseur dans le projet familial. Il nous explique qu’il y a 3 ans encore, la plage n’était pas exploitée. De petits restaurants locaux ouvrent, tentant de tenir leur bout face aux gros resorts qui poussent comme des champignons. Le même monsieur prédit que dans 5 ans, les resorts auront pris le monopole… malheureusement…

Nous continuons notre route, longeant la côte, jusqu’à Da Nang, puis jusqu’à Hué. Nous profitons de l’air marin, prenant quelques pauses café sur la plage. Nous sommes surpris par le fait que de nombreuses parties de plage soient encore si peu investies. Elles sont si belles… Bien que nous ne devrions pas nous en plaindre… proche de Da Nang, de nombreux resorts sont en construction.

Nous suivons majoritairement la route qui longe la plage, évitant un maximum la route 1, réputée pour son trafic populeux. Nous devons passer une barrière montagneuse à la sortie de Da Nang. La vue en vaut vraiment la peine (au sens propre du terme) ! Nous croisons de nombreux motobikers, impressionnés par notre intention. Nous en sommes d’autant plus fiers. Une autre montée, un peu plus loin, nous surprend, moins intéressante, mais inévitable. Ensuite, nous empreintons de petites routes, passant au milieu de villages où nous ne nous sentons pas toujours les bienvenus… Peut-être est ce parce que ce sont des petits villages plus reculés où le passage de gens nouveaux questionne ?

À Hué, Jean-François est un peu malade et fatigué. Je pars donc seule visiter la cité impériale, classée au patrimoine de l’UNESCO, riche d’une histoire dynastique. On peut observer l’inspiration chinoise dans les détails architecturaux. Je trouve aussi que l’énergie y est très zen, et je soupçonne qu’il y ait une influence feng shui dans l’air. En chemin, je m’amuse à me perdre dans de petites ruelles, qui semblent à l’abri du brouhaha de la ville. C’est charmant et authentique. Mais je me fais dire que je n’ai rien à faire ici… à 3 reprises. Je finis par capituler, bien que déçue de ne pas avoir eu plus de temps dans ces quartiers.

Enfin, il est temps de commencer à penser à notre route finale, car notre visa expire dans 3 jours. On prendra un bus jusqu’à Ninh Binh, pour ensuite bifurquer vers le nord du Laos. Pays où nous mettrons à rude épreuve nos mollets…

 

Anecdote toilettes : Hum… Ces derniers jours, dans certains lieux, les toilettes défient tout ce qu’on a vu jusque là… On s’était fait aux tuyaux lorsque mal pris, au bol en guise de chasse d’eau, aux toilettes sans porte, au fond d’un jardin mal entretenu. Mais là… ça devient gênant. Il n’y a plus de trou, juste une petite grille d’évacuation dans le coin du mur, comme dans une douche ! Pour Jean-François, c’est facile, il peut viser le trou. Moi, je dois pisser à même le sol (ce qui équivaut à la sensation de pisser sur le sol de sa salle de bain, par exemple) avant de nettoyer en versant un bol d’eau pour aider mon pipi à partir dans le petit trou. Je ne sais pas où se fait la grosse commission. Probablement dans le jardin…

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